Afin de vivre pleinement sa vie et réaliser son plein potentiel.
Assez souvent quand quelqu’un franchit le pas de la porte de mon cabinet et exprime son insatisfaction face à son évolution de carrière ; ses relations personnelles ; l’expression de ses talents rendue difficile, son manque de confiance en soi, etc… Je lui propose un petit voyage au centre de ses peurs. Il y a toujours quelque chose de bénéfique à les détecter, les mettre sous la lumière et leur donner leur réelle importance.
La peur fait partie des 6 émotions de base. (Joie, colère, dégoût, surprise, tristesse, peur).
C’est une émotion importante, qui contribue à notre survie, car elle nous permet d’appréhender les situations dangereuses. Elle nous permet également d’y faire face. Tout le monde a déjà ressenti les effets physiologiques de la peur, accélération du rythme cardiaque, de la respiration, montée d’adrénaline. Notre corps vit la situation et s’apprête à faire face, fuir, gérer la situation.
La peur, est une émotion complexe qui est associée à d’autres sentiments et sensations qui lui sont liées on peut en citer quelques-unes :
affolé/e alarmé/e angoissé/e apeuré/e plein/e d’appréhension bloqué/e choqué/e confus/e craintif/ve sur la défensive détaché/e déstabilisé/e en désarroi désemparé/e distant/e en détresse effrayé/e sur ses gardes glacé/e honteux/se horrifié/e inquiet/e méfiant/e mortifié/e paniqué/e perplexe préoccupé/e sceptique sidéré/e soupçonneux/se sur le qui-vive surpris/e tendu/e terrifié/e vulnérable.
C’est une émotion qui peut avoir une fonction positive :
- Elle nous permet de développer des qualités telles que ; la prudence, l’anticipation et la prévoyance, l’attention et la vérification, l’aptitude à prendre des précautions et respecter des mesures de sécurité…
Le problème surgit quand ce sentiment nous bloque et nous empêche d’agir. Ou quand nous mettons trop de protections autour de nous afin d’éviter tout danger et tuons ainsi toute initiative ou créativité.
Ou encore quand notre réponse est toujours la même fuir et éviter la situation potentiellement dangereuse.
Ou quand nous adoptons des comportements systématiquement d’affrontement, de recherche de situations dangereuses afin d’éprouver le plaisir de la montée d’adrénaline.
Si nous posions la question à 1000 personnes dans la rue quelles sont vos peurs ; nous aurions des milliers de réponses et des listes importantes par personne. Nous avons tous, en nous, des peurs. Chaque être humain possède les siennes propres. L’imagination dans ce domaine est sans limite.
Certaines sont justifiées, beaucoup le sont moins. C’est là que se situe la source de bien des problèmes.
Il y a un proverbe Allemand qui sonne juste « La peur rend le loup plus gros ».
Il y a la réalité du danger potentiel et notre perception de ce danger. C’est à ce niveau que les distorsions apparaissent, et avec elles les réactions et actions infondées, inefficaces, voire contreproductives pour nous.
Je vous propose une histoire vraie ; racontée par un ami qui présente bien nos peurs et la façon dont nous vivons avec.
La scène se passe à l’étranger, pour ses vacances mon ami et son épouse avaient loué une maison isolée entourée de magnifiques arbres. Ils avaient de surcroît choisi un pays dont le contexte sécuritaire, à l’époque n’était pas très bon.
C’était donc, riches de nombreux conseils amicaux sur la prudence, que nous amis avaient tout de même décidés d’y aller.
Au-dessus du lit de la chambre à coucher il y avait une magnifique verrière qui permettait de profiter du ciel étoilé et d’avoir le sentiment d’être immergé dans la forêt.
Lors de leur deuxième journée dans la villa ; En pleine nuit mon ami a été réveillé par un bruit. Son rythme cardiaque s’est immédiatement élevé et en regardant en l’air il vit une tête d’homme qui le surveillait et jetait de temps en temps un œil au jeune couple allongé. Comme si d’autres comparses se livraient à quelques méfaits dans la maison ou autour et qu’il fallait surveiller les occupants des lieux.
Terrorisé il ne savait que faire ; montrer qu’il était réveillé et bouger c’était exposer sa jeune épouse (enceinte) à un risque majeur.
Pendant 2 heures il resta ainsi allongé, voyant de temps en temps la tête inquiétante du guet les observer à intervalles réguliers. Mon ami mimait la personne endormie et observait, du coin de l’œil, son guetteur. Son cerveau en ébullition imaginant toutes les possibilités les unes plus terribles que les autres.
La cuisine était à deux mètres et il pensa que les couteaux du repas de la veille au soir étaient restés sur la table. A ce moment-là il se dit que soit les voleurs les trouvaient et le pire était à craindre soit il s’en emparait et tentait une sortie pour se défendre.
Leur voiture était à 50 mètres en contrebas. Il pensa à réveiller son épouse et à courir pour fuir ; mais il se dit que réveiller son épouse, l’aider à se lever serait nécessairement vu par le guetteur.
Il opta pour l’attaque, il se leva d’un coup ouvrit la porte de la chambre se précipita, dans l’obscurité, vers la table à manger pris un couteau et couru jusqu’à la porte d’entrée là il ouvrit celle-ci brusquement se mit à courir dehors pour surprendre le guetteur qui devait être sur le toit quelque part en haut à droite du toit de la maison.
La nuit était calme, pas âme qui vive. En fait de guetteur il s’agissait d’un arbre qui sous l’effet du vent se baissait vers la verrière de sa chambre à coucher à intervalles plus ou moins réguliers. La lumière blafarde de la lune donnait outre une ambiance crépusculaire à la scène mais surtout pouvait donner à croire à une imagination fertile que les branches de cet inoffensif arbre étaient devenues un guetteur inquiétant.
La peur avait joué son rôle d’alerte mais la perception avait déformé une situation sans danger en scène inquiétante où des vies étaient en jeu. Sa première réaction a été l’inaction s’en est suivi une forme de paralysie. Face au danger le sujet n’a rien fait et est resté comme tétanisé par l’évènement. La fuite, un temps envisagé, n’était pas possible avec une épouse enceinte à ses côtés cette option n’était pas jouable. Il fit face à sa peur, la surmontant et passa à l’action.
Cette anecdote est un condensé de nos peurs. Au départ le risque est vraisemblable ; l’hypothèse juste. Les dysfonctionnements apparaissent après.
Ça n’est pas la peur le problème c’est :
- Notre perception juste ou erronée de la situation qui a provoqué cette émotion. Étant entendu que la peur peut être provoquée par des stimuli externes (une situation) ou interne, une pensée, l’évocation d’un risque possible. Nous envisageons un risque qui provoque ou non une action.
- Ce que nous en faisons de cette peur.
Alors peut-on surmonter ses peurs ? Si oui comment faire ?
Avant de répondre à ces deux questions nous souhaitons répondre à deux autres questions préalables. Nos peurs sont-elles facilement détectables ? Avant de savoir comment faire y a-t-il des choses à ne pas faire ?
1° Nos peurs sont-elles facilement détectables ?
90% de nos peurs sont conscientes. Les sujets les connaissent. Il suffit de mettre la personne devant une feuille blanche avec un peu de temps et la liste va s’allonger assez rapidement et facilement.
Un autre exercice peut être également utile ; demandez à la personne ou demandez à des personnes de confiance de votre entourage de définir les traits de caractères qui vous définissent le mieux. Vous y trouverez de précieux indices.
Les autres peuvent prendre (voir la liste en introduction) des apparences de qualités. Prudence, respect des procédures, etc. Leur détection est moins aisée mais on peut toutefois les démasquer.
Se poser la question de l’avis des tiers. Les personnes qui vous entourent au sujet de votre prudence la jugent avec quels termes ? C’est dans l’excès que se cache les points à creuser. Si la personne vous répond « Mes proches considèrent que j’en fais trop… » ; vous êtes certain de devoir creuser ce point.
2° Ce qu’il ne faut pas faire
Nier sa peur et l’occulter
Le sujet se placerait dans une zone d’extrême confiance. Tout va bien. Elle S’expose à des risques non anticipés donc non maîtrisés et non gérés. On retrouve ce type de comportement chez des personnes qui, par principe, veulent se montrer plus fortes qu’elles ne sont et finissent par prendre et faire prendre aux autres des risques inconsidérés.
Certains autres sujets, vivant ce sentiment de manière tellement intense (peur panique) qu’ils préfèrent l’éviter. Elles mettront à l’œuvre toute sorte de stratagèmes afin d’éviter de la ressentir.
Ne l’oublions pas la peur est une émotion utile.
Pratiquer l’évitement en permanence
La personne évite soigneusement toutes les situations qui activent sa peur. Ne faisant que rétrécir son champ d’intervention et d’action et par un cercle négatif augmentant sa peur. Ce qui entraîne une rétractation de sa vie. Le sujet finit par faire peu de choses par peur de…
Demander de l’aide systématiquement
Par peur de se tromper certaines personnes sollicitent une multitude d’avis éclairés extérieur. Si demander de l’aide à un tiers est plutôt signe de bonne santé et une attitude saine. Systématiquement faire appel aux tiers pour agir devient pathologique. C’est une fausse bonne idée qui met la personne en état de dépendance de son entourage ; limite son autonomie et augmente sa peur contrairement à ce que l’on pourrait penser.
Le contrôle qui fait perdre le contrôle
Il faut des procédures, des processus, des méthodes d’anticipations des risques. Mais vouloir tout anticiper et tout contrôler dans le moindre détail outre que c’est impossible dans les faits, produit l’effet contraire à celui recherché. A trop vouloir contrôler on ne contrôle plus rien et il y a un niveau de contrôle excessif qui augmente le risque…
Je me souviens d’un directeur, quand je travaillais dans la banque, qui était tellement averse au risque de défaut de paiement que chaque accord de crédit nécessitait des monceaux d’analyses et autres justificatifs. A telle enseigne que les équipes ont fini par ne plus présenter de dossiers de crédits tant l’exercice était difficile et pénible pour tous. Au risque potentiel d’impayé c’était substitué un risque réel plus important de perte de chiffre d’affaires et de clients.
Répondre de manière automatique toujours de la même façon
Certaines personnes, les colériques par exemple, face à une situation inattendue vont systématiquement se sentir sous pression et vont réagir par la colère et l’agression. Et ce systématiquement. Provoquant des réactions négatives dans leur environnement. D’autres, sous prétexte de ne pas aimer le conflit vont fuir et éviter la confrontation. Ces réactions ne sont pas en soi critiquables ; c’est leur caractère répétitif et uniforme qui est le problème. Face à un sentiment de peur nos réactions doivent être proportionnées et adaptées à la situation.
3° Alors comment faire pour surmonter ses peurs ?
En dehors des cas d’urgence où face à un ours dans la forêt qui vous court après vous avez le droit d’avoir peur et de vous enfuir ! Dans 99% des cas il s’agit de sujets de la vie courante professionnelle ou personnelle où ce type d’urgence absolue n’existe pas.
Notre vie quotidienne est faite de multiples circonstances ou nous devons prendre des décisions, agir, prendre des risques et où une mauvaise maîtrise de nos émotions liées à la peur peuvent nous nuire. C’est de ça dont nous parlons.
La peur, encore une fois est une émotion saine et utile. Ce qui ne l’est pas c’est quand nous n’arrivons pas à exprimer notre plein talent et avoir la vie que nous méritons par ce que nous grossissons, en permanence, les enjeux et sommes bloqués dans nos actions et entreprises. C’est la peur qui paralyse, bloque, nous fait fuir face à l’obstacle.
Identifier son émotion et la nommer
Accepter, accueillir l’émotion que nous vivons, les sentiments qui nous habitent. Leur donner un nom et savoir que derrière c’est la peur qui s’exprime ; notre peur. Inutile de se cacher derrière son petit doigt. Souvent nous sommes dans le déni et parlons de prudence là où il y a de la crainte. Nous craignons quelque chose nous avons peur de telle éventualité exprimons là. Il n’y a aucune culpabilité à ressentir cette émotion. Commençons par en faire une alliée et cessons de jouer les fiers à bras. Avoir peur c’est normal et sain. Là où il nous faut travailler c’est sur ce que nous faisons de cette peur et l’intensité de son expression.
Quelle est la réalité de la menace ?
Rationnaliser les évènements qui provoquent vos peurs.
Nous l’avons vu cette émotion peut naître de stimuli externes ou internes. Toute la démarche consiste à évaluer les faits. Il y a un danger, quel est son contenu, sa taille, son poids, quel est le vrai niveau de risque ?
Commençons par l’externe :
Vous avez peur de vous tromper en achetant cette maison ? Parfait c’est légitime ; couchez sur le papier les caractéristiques de ce que vous souhaitez quelles garanties vous souhaiteriez avoir afin de vous assurer que vous avez fait le bon choix. Proposez à votre interlocuteur votre liste de garanties que vous souhaiteriez afin de vous décider.
Après échange voyez ce qui est indispensable pour vous et ce que vous pouvez discuter.
Ensuite décidez. Ainsi vous rationalisez votre démarche et donnez à votre peur une dimension plus utile celle de la prudence mise en œuvre intelligemment. C’est l’excès qui conduit à la paralysie.
Chaque fois que possible tentez de ramener les circonstances qui provoquent votre peur a une liste d’actions à entreprendre afin de vous garantir. Évacuez tout ce qui est disproportionné et excessif.
Dans l’exemple pris la peur est acceptée, accueillie, transformée en action.
L’interne
Il me semble que c’est CELINE qui a dit que le courage est un manque d’imagination. Cette citation est très vraie souvent la peur se nourrit de notre capacité à imaginer, construire mentalement des situations. Quand nous sommes confrontés à une difficulté nous pouvons très bien ruminer et tourner dans tous les sens le sujet jusqu’à inventer une réalité qui n’existe que dans notre imagination.
Quand nous sentons la peur monter en nous ; cette démarche de rationalisation est importante. D’abord reconnaître cette sensation et ce sentiment. Nommer les choses c’est déjà les dominer. Ensuite prenez l’habitude (dans un premier temps) de coucher sur le papier, l’objet de vos craintes, les options possibles y compris et surtout les pires. Notez ce qui s’est réellement passé.
A la longue vous verrez, à l’œuvre ce décalage entre la réalité factuelle et celle que vous avez imaginé.
Vous apprendrez à mettre en place une méthode, votre méthode de rationalisation de vos craintes et pourrez agir. C’est important de rationaliser ses peurs, d’envisager le pire, puis de mettre les choses en perspectives.
Vous avez peur de demander quelque chose à votre patron ? (Augmentation, congé, promotion etc.)
Envisagez les pires réactions possibles et écrivez-les du pire jusqu’à la satisfaction totale de votre demande
– il va vous insulter en public
– vous frapper
– vous licencier sur l’heure
– vous ignorer
– se moquer de vous
– ne plus vous aimer
– ne rien faire
– etc.
– répondre favorablement à votre demande
Écrivez du pire jusqu’à l’hypothèse que vous n’envisagez pas au fond de vous ; vous donner satisfaction et répondre favorablement à votre demande. Une fois ce travail fait vous éliminerez toutes les hypothèses ridicules et invraisemblables (elles seront nombreuses).
Ensuite vous vous poserez la question du comment faire ?
Quel est le meilleur moment pour lui en parler et comment lui présenter les choses ?
Vous avez encore la crainte qu’il le prenne mal. Je vous propose un dernier « truc » à essayer :
Commencez votre phrase par « Bonjour Mr ou Mme X je souhaite vous parler de quelque chose qui me tiens à cœur mais j’ai peur de votre réaction et je ne sais pas trop comment vous le présenter » Vous verrez votre interlocuteur sera surpris et vous invitera à vous exprimer franchement. Il vous écoutera ; après la décision lui appartient mais au moins vous avez essayé ce qui est 100 fois mieux que de garder sa demande pour soi et vivre une frustration éternelle de n’avoir même pas essayé.
Pratiquer la politique des petits pas
Affronter ses peurs ne peut pas se faire sans étape. Nous n’allons pas passer de la peur de parler en public, par exemple, en nous inscrivant à un concours d’éloquence où il faudra parler devant un public de plusieurs centaines de personnes du jour au lendemain.
Apprenez à prendre la parole lors de réunions sans enjeu. Conseil syndical de copropriété de votre immeuble où vous pouvez poser des questions, vendeur dans un magasin à qui vous allez demander conseil poser des questions, réunion d’une association à laquelle vous appartenez, etc… les occasions de s’exprimer existent, identifiez-les et tentez votre chance et nourrissez-vous de toutes ces petites victoires qui vont vous permettre par étapes de construire votre confiance en vous.
Ensuite lancez-vous devant des auditoires de plus en plus nombreux et entraînez-vous. Inscrivez-vous à un stage de prise de parole en public ; cela pourra également vous donner des méthodes afin de lutter contre le trac et améliorer votre aisance.
Se jeter à l’eau et accepter l’échec
L’échec c’est une action qui n’a pas abouti (cette fois ci) à votre satisfaction. C’est positif. Cela signifie que vous avez agi, pris un risque, tenté quelque chose. Vous avez appris quelque chose. Félicitez-vous.
Par définition, la peur et son cortège de sentiments et sensations associés a pour objectif de vous éviter un danger. Sauf que si ce sentiment était adapté à une époque où nous risquions notre survie à chaque décision ; cette émotion n’est pas nécessairement adaptée à notre époque moderne où les dangers sont mieux maîtrisés.
La peur est utile sauf quand elle nous paralyse et trouve mille chemins pour que nous n’avancions pas.
Surmonter ses peurs est donc une école du test, de l’action. Il faut savoir regarder ses peurs en face et agir.
Conclusion
Nos peurs sont fascinantes. Les grands sportifs, aventuriers, inventeurs l’ont bravé et permis à l’humanité des avancées notables. Pour eux la peur agit comme un stimulant, une limite à franchir et dépasser afin de repousser les frontières du possible, sans relâche.
Pour le commun des mortels nos peurs sont des freins à notre épanouissement, à notre réussite, à l’expression de notre plein potentiel.
A nous de les identifier, et leur donner la place qu’elles méritent ni plus ni moins.