Qualité décisive
Les générations peuvent se succéder au sein des entreprises.
Chacune avec sa lettre et ses caractéristiques.
Ces généralisations, masquent pourtant des différences individuelles. Toutes et tous n’auront pas la même carrière professionnelle ni la même réussite.
Qu’est ce qui, in fine, fait la différence entre ceux qui réussissent et ceux qui qui vont avoir du mal à exprimer leur plein potentiel ?
Plusieurs qualités sont nécessaires, mais une attire mon attention depuis plusieurs années.
La capacité à entrer en relation avec les autres, travailler avec, savoir y faire pour atteindre ses objectifs, savoir passer ses messages, mobiliser les bonnes volontés ; créer une dynamique positive, être un acteur collectif à valeur ajoutée, la liste pourrait être longue.
Nous synthétisons cela dans une formule l’intelligence relationnelle.
C’est une qualité d’autant plus indispensable dans un temps où se cumulent :
- Les défis
- Les complexités
- Les incertitudes
- Les tentations individualistes
- Les modes de travail hybride où le présentiel et le distanciel alternent
- Les interrogations sur le sens du travail et sa place dans sa vie
Si nous devions agir sur quelques leviers essentiels qui nous permettraient de développer notre intelligence relationnelle sur quoi devrions nous nous pencher ?
Je vous en propose 6 ; l’ordre dans lesquels ils apparaissent n’a aucune signification. Je ne prétends pas non plus à l’exhaustivité ; mais ces 6 là me paraissent importants.
1.
Apprendre à s'oublier
Nous avons toutes et tous un grand besoin de reconnaissance c’est entendu.
Nous recherchons les retours positifs, les acquiescements à ce que nous disons, nous aimons que notre parole soit écoutée, que nos avis comptent. Nous aimons rallier le plus grand nombre à notre cause.
Et si nous commencions à prendre conscience que ces comportements sont une drogue dure qui nous empêche d’entrer réellement en communication avec notre entourage.
Imaginons un instant qu’après cette prise de conscience (j’imagine douloureuse pour notre ego), nous décidions de nous affranchir de cette quête de l’approbation.
Que nous décidions que notre besoin enfantin de reconnaissance est sans intérêt.
Que se passerait-il ?
Nos échanges, notre communication, deviendraient plus authentiques car derrière nos mots, nos formulations il n’y aurait aucune intention cachée d’obtenir un bénéfice quelconque que l’expression de ce que nous pensons, nous ressentons.
Bref une relation plus saine qui s’établirait avec notre entourage.
Nous pourrions ainsi, nous focaliser sur l’échange avec nos interlocuteurs, l’écoute, le partage d’idées, d’opinions, d’émotions.
Notre société aime également les classements, les hiérarchies ; il existe des personnalités importantes et les autres. Pour résumer, certaines ou certains ont le pouvoir et les autres non.
Là aussi, mon principe vaut. Vous avez du pouvoir ? Tant mieux pour vous, oubliez-le quand vous vous exprimez pour préférer l’entrée en relation d’égal à égal aux jeux de pouvoir et de domination.
Vous avez le pouvoir donc inutile de vous comporter comme si vous souhaitiez l’avoir.
L’humilité est une vertu oubliée. Sous l’influence de la littérature Anglo-Saxonne du développement personnel (qui a beaucoup de points positifs) on estime aujourd’hui qu’il faut en faire des tonnes. C’est oublier nos racines culturelles.
Un petit dernier pour la route ?
Puisque nous nous lançons dans une grande opération d’amnésie sélective, oublions également notre susceptibilité.
Parmi les 4 accords Toltèques, qui est un condensé de sagesse on en retrouve un qui nous sera utile ; « ne prends rien personnellement ». Une parole malheureuse, une formulation mal calibrée et c’est l’affrontement…
Et si nous décidions également de la jouer cool et ne pas prendre au premier degré tout ce qui est dit ; qui comme le rappelle l’accord précité ne concerne que l’émetteur de la parole malheureuse.
Faire preuve d’intelligence relationnelle c’est se débarrasser de tous ces oripeaux inutiles.
2.
Pratiquer l'ouverture assertive
Tout le monde ne pense pas la même chose ni ne s’exprime selon les mêmes modalités.
L’ouverture consistera à reconnaître et admettre cette réalité.
Il s’agira d’acquérir la capacité à trouver des plages de dialogue tout en reconnaissant l’univers de l’autre et exprimant le sien.
Souvent les dialogues ne sont pas trouvés et on assiste à des « affrontements d’arguments », comme si convaincre était plus important que dialoguer.
La co-construction commune est toujours un avantage.
Je reconnais tes arguments je les accepte sans les adopter et je ne te demande pas d’adopter les miens simplement écouter et partager des avis, des idées, des opinions.
De ces échanges vont ressortir un résultat différent mais issu d’une construction commune.
C’est toujours une pratique difficile et contre intuitive dans un monde où les formations aux bonnes questions (bien sûr décisives) aux arguments et autres éléments de langage nécessairement conclusifs sont la règle.
S’ouvrir n’est pas une démarche jugée efficace et pourtant, c’est la seule qui permet un résultat efficient en période complexe et incertaine.
3.
Choisir l’influence
plutôt que la manipulation
Tout le monde a déjà lu et entendu beaucoup de choses sur la manipulation.
Nous pensons toutes et tous être capable de définir et démasquer la manipulation.
L’influence ?
C’est plus compliqué comme un aveu d’une pratique manipulatoire tellement ancrée dans les échanges humains, que nous devenons incapables de faire la différence.
L’influence ne consiste pas à démontrer, argumenter, prouver mais poser des questions ouvertes. Encore moins, comme la démarche manipulatoire, à exprimer ce que l’on ne pense pas afin d’amener la personne avec laquelle on échange là où l’on souhaite.
Avoir, selon l’expression un agenda caché. Une intention, non exprimée.
Cette pratique des questions ouvertes, sincères, transparentes dont l’intention est de comprendre, confronter les arguments, les points de vue ; permettent à toutes et tous de préciser leur pensée, de la formuler, de la travailler pour arriver à un résultat satisfaisant.
De question en question, les personnes qui dialoguent cheminent ensemble sur le chemin du sujet de leurs échanges.
Vous souhaitez convaincre et influencer ? Cessez d’argumenter, oubliez les opinions, et apprenez à poser des questions plus qu’à poser des affirmations.
4.
Optez pour la simplicité
Utiliser des mots simples, des tournures de phrases directes et simples.
Il y a une zone d’ombre dans les échanges avec notre interlocuteur, posons une question de clarification.
Pratiquons la communication directe plutôt que le mail (sujet à interprétations).
Les vertus des échanges humains directs ne seront jamais assez développés et soutenus.
Acceptons que nos interlocuteurs expriment leurs émotions et exprimons les nôtres. (Toujours avec assertivité comme exposé plus haut).
Quoi qu’il arrive considérons que ce qui est important ce ne sont pas les mots, les désaccords, les malentendus, mais la relation.
Préservons là, entretenons là.
5.
Sortir des postures évaluatives
Les réseaux sociaux ont développé une mauvaise habitude avec ces « like ». Qui ne sont que des petits jugements de valeurs.
Donnant le sentiment (déjà trop présent) de toute puissance à tout un chacun. Je peux exprimer mon jugement de valeur.
Fâcheusement c’est la même chose dans le domaine relationnel. Chacun y va de sa petite ou moins petite vacherie.
Tout cela n’est que du jugement de valeur très contestable. Qui détient la vérité ? Surtout dans une matière aussi complexe que la matière humaine ?
Les dégâts sont considérables en matière d’efficacité, de dynamique des équipes.
Le pire est que même sans s’exprimer tout un chacun ressent très bien ce que son vis-à-vis pense.
C’est difficile j’imagine mais déjà cesser les critiques, avis de valeurs, jugements, opinions sur les autres, s’interdire cela c’est déjà se sentir mieux humainement.
Et c’est un puissant accélérateur du développement de sa capacité relationnelle.
6.
Savoir jouer collectif
Je me souviens d’une anecdote professionnelle. L’entreprise pour laquelle je travaillais souhaitais faire passer une réforme d’organisation.
je faisais partie des personnes chargées avec d’autres de bâtir un plan de communication et de réunions afin d’expliquer les objectifs de ces changements.
Un des participants ne disait rien, lors d’une pause je lui demandais pourquoi il ne participait pas aux travaux ; sa réponse a été très claire :
« Je ne vais pas réfléchir à faire passer une réforme qui joue contre mes intérêts ».
Sans évaluer la réalité de cette affirmation ; malheureusement dans les entreprises les attitudes où les personnes font passer leur intérêt avant celui de la collectivité sont nombreux.
Ce sont des « secret killers » ; vous avez en face de vous des personnes qui paraissent acquises à la cause de l’entreprise mais qui dans les faits ne le sont pas et ne feront rien pour aller dans le sens souhaité par la direction.
Si cette attitude existe entre les salariés et leur entreprise elle existe également dans les rapports inter personnels au sein des mêmes équipes. Informations non partagées, voire tronquées ou délibérément transformées ou cachées.
Fausses affirmations lancées pour déstabiliser un compétiteur réel ou supposé au prochain poste.
Mauvaise volonté à collaborer entre services, entre individus, avec certains managers…
En creux nous définissons ce que serait une collaboratrice ou un collaborateur ayant une intelligence relationnelle développée.
Partout où elle se trouve elle facilite la vie et procure son soutien et son aide à tous les échelons. Vis-à-vis de ses propres managers, ses collègues, dans son service et entre services. Partout où elle est investie elle partage les informations, les bonnes pratiques, fournit gratuitement son support et aide la collectivité à avancer.
Utopie ? Vous connaissez la blague un professionnel c’est cher ? Essayez l’incompétence ?
Conclusion
Les processus d’embauches, ou de promotions sont-ils vraiment optimum ?
Nous savons toutes et tous que ce qui fait le succès d’une entreprise ce sont les femmes et hommes de talents. Capables de travailler en équipe et faisant preuve d’une intelligence relationnelle à toute épreuve, fidèle aux objectifs de l’entreprise et travaillant chaque jour au succès du collectif et du sien.
Comment identifions-nous aujourd’hui dans nos processus d’embauches ces caractéristiques ?
Grace à l’intelligence artificielle des « trieuses » de CV ?
Aux cases que l’on coche ?
A certains recruteurs qui ne connaissent pas les métiers ni les entreprises pour lesquels ils sont censés trouver des talents ?
Je vous laisse apporter votre réponse.
L’intelligence relationnelle est un talent précieux. Facteur de succès pour l’individu qui saura la développer et pour les collectivités qi sauront s’entourer des personnes dotées de cette qualité.