(Lutter contre la banalisation)
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Le monde du travail est un lieu extraordinaire. Ou peuvent se côtoyer dans un mélange toujours surprenant, le meilleur et ce qui l’est beaucoup moins.
Comme le disait un de mes anciens patron non sans humour « ils sont capables du pire comme du meilleur ; mais c’est dans le pire qu’ils sont les meilleurs ! ».
De nos réflexions confinement ; pour une raison que j’ignore, beaucoup de propos entendus ou d’images de ma vie professionnelle ont refaits surface. Comme si, à l’occasion de ce confinement, je m’étais mis à fouiller (bien inconsciemment sûrement) de vieilles males bien oubliées dans le grenier.
J’aurais pu exhumer de vieilles photos jaunies d’un autre temps. Non les photos se sont révélées neuves et d’actualité. Il y a des choses visiblement qui ne changent pas.
Lors d’un entretien téléphonique avec une ancienne collègue de travail de mon époque salariée, toujours en poste, elle me disait qu’on lui avait bien fait sentir à l’occasion de ses évaluations annuelles qu’elle était :
- Non indispensable
- Qu’on pouvait la changer facilement pour mettre quelqu’un d’autre à sa place.
J’imagine qu’elle avait dû (sacrilège des sacrilèges) demander une augmentation de salaires ou que sais-je encore d’inavouable. De mémoire elle travaillait à domicile pendant le confinement et les dossiers confiés l’obligeait à travailler 7 jours sur 7. Elle a dû expliquer qu’elle avait trop de travail…Le genre d’honnêteté qui vous flingue une carrière plus sûrement que ça Madame !
J’ai bien connu cette technique rustique de négociation commerciale « la banalisation des produits ou offres proposés » ; si vous n’acceptez pas mes conditions, j’irais ailleurs votre produit est le même partout, et puis on rajoute « c’est à vous de voir ». On rajoute ainsi l’humiliation à la grossièreté. Si vous n’acceptez pas un autre fera la bonne affaire et vous garderez votre produit ou service.
En l’occurrence il s’agit d’une situation bien connue ; vous amenez un problème à votre « patron » lequel se met en posture défensive, voire dans un déni absolu (vous devez mal vous organiser ma petite dame), voire dans un refus de mauvaise foi absolue. (Ce dernier cas n’existe pas sur terre heureusement).
Sauf que dans les rapports humains ; ce type de phrases explicites (souvent) ou même suggérées font des dégâts. La personne se sent inquiétée dans ses compétences et vois sa confiance en elle atteinte. Elle peut même manifester de l’anxiété à l’idée de perdre son travail. Je ne pense pas que ça motivation en sorte renforcée.
En tout cas, il y a une chose de certaine, cet angle de rapports professionnels s’appelle la banalisation. Banalisation des personnes, des missions qu’elles remplissent, du travail qu’elles font.
Pour certains, soyons lucides au point d’en devenir acide, les « gens » sont des moyens, des outils, des objets interchangeables. On parlera de moyens de productions humains, de forces de travail, d’ETP etc. Vous savez tout ce vocabulaire mécaniste qui transforme toute chose en tableau Excel et power point bien structurés.
Mais à y regarder de plus prés ce vocabulaire matérialiste à souhait n’a rien d’anodin. Les mots sont des fenêtres ouvertes sur l’âme, peut-être, sur un système de pensée dangereux dans le monde professionnel très certainement.
J’ai vécu et connu des managers qui passaient leur temps à se séparer de leurs collaborateurs ; j’ai même rencontré une top manageuse (la bêtise n’est pas l’apanage que des hommes dire « quand je rentre dans une pièce rien qu’en regardant les personnes présentes je sais qui est bon et qui ne l’est pas et la deuxième catégorie je m’en débarrasse ». Combien de personnes ont perdu leur job sur un sentiment de toute puissance personnelle fondée sur on ne sait quelle analyse objective.
Ca veut dire quoi « c’est un bon ; ou c’est un(e) mauvais(e) » ; qui sait exactement ce qui est réalisé par qui avec quoi pour quels résultats sur la durée surtout.
Malheureusement beaucoup de managers en postes ont perdu (dans l’exercice de leurs fonctions) toute notion d’humanité et de valeurs humanistes. De valeurs dirais-je. Un petit conseil personnel au passage méfiez-vous de ceux qui passent leur temps à mettre leurs valeurs ou les valeurs de l’entreprise dans leurs discours à tout bout de champ. C’est comme un commerçant qui commencerait ses phrases par « pour être tout à fait honnête avec vous. » Ça commence mal…
Malheureusement, je crains que le confinement n’ait atteint notre économie gravement et durablement ; dans un premier temps il va y avoir plus de demandeurs d’emplois que d’offres. Donc plus de malins qui se croiront autorisés à tenir des propos dégradants.
Le titre de l’article s’appelle le Monde est plus beau avec vous car je crois, pour ma part en la nature humaine.
Nous avons tous un rôle unique et indispensable. Vous êtes, vous qui me lisez (j’espère) unique et avez énormément de choses à apporter à la société, à votre entreprise et à la vie à nos vies tout simplement.
A conditions qu’on vous en donne les moyens ; que l’on croit en vous, que l’on change de regard sur vous. Que vous preniez plus confiance en vous, en votre utilité, dans la valeur ajoutée qu’est la vôtre.
D’ailleurs « les invisibles » selon l’expression ont été vus, pendant cette période de confinement. Toutes ces personnes soi-disant interchangeables, se révèlent indispensables.
Nous avons tous un rôle à jouer.
Alors n’admettez plus jamais, que qui que ce soit vous dise directement, indirectement, de manière frontale ou suggérée et manipulatrice ; que ce que vous faites tout le monde peut le faire, que vous êtes interchangeable.
Regardez votre interlocuteur droit dans les yeux, sans arrogance, ni provocation, ni agressivité, calmement en détachant bien chaque mot et dites-lui :
« Nous avons tous, chacun à sa place, un rôle important dans cette entreprise, je ne prends pas ma mission à la légère, je veille chaque jour à y apporter le plus grand soin, je ne pense pas que n’importe qui pourrait le faire ».
Oui grâce à vous, grâce à nous le monde est plus beau.