Il y a les jours avec et les jours sans ; c’est bien connu. Et puis parfois, nous arrivons à être consternés par nos propres erreurs ou actes manqués.
Cette plaisanterie qui tombe à plat lors d’une réunion importante ; cette remarque décalée à son patron, cet énervement excessif…
Parfois, il nous semble que nous sommes deux dans le même corps ; Un nous qui veut que l’on réussisse et un autre qui s’ingénie à nous mettre dans les ennuis.
Nous avons tous et toutes entendu cette petite voix qui s’élève dans notre esprit alors que nous montons sur scène pour parler à un public important et qui nous dit : « tu as oublié ton texte… ».
Parfois cette tête vide lors d’un évènement à enjeux ; qui nous laisse passif et silencieux alors qu’il aurait fallu parler et défendre notre position.
D’autres fois encore, nous ratons l’immanquable ; perdons en une fraction de seconde des efforts de plusieurs mois ou années.
Sommes-nous autodestructeurs ?
Pas vraiment ; Nous perdons surtout la maîtrise de notre outil le plus performant et le plus fantasque, notre cerveau.
Il existe pourtant un outil simple, facile d’emploi que nous pouvons utiliser en tout lieu et en toutes circonstances. Le dialogue interne.
Comment définir ce dialogue intérieur ?
Hackfort et Schwenkniezger (1993) proposent quant à eux une définition plus complète du discours interne en le définissant comme « un dialogue à travers lequel les individus interprètent leurs émotions et leurs perceptions, régulent et modifient leurs évaluations ainsi que leurs convictions et se donnent des instructions et des encouragements »
1.
La conscience
de ses émotions et sensations
Je suis dans le hall de la gare pour prendre un train et une annonce sonore, comme on les aime, nous apprend que notre train vient d’être annulé ou a un retard conséquent.
Dans notre champ de conscience de nombreuses émotions à forte intensité vont apparaître ; de la colère, de l’abattement… on peut imaginer toutes les émotions qui vont nous traverser et les conséquences sur nos sensations notre bien-être qui va tourner au mal être…
Deux options s’offrent à nous :
- Laisser nos émotions nous emporter et les « habiter » littéralement et s’immerger dedans. Et là ce seront ruminations, mal être, agressivité, abattement, plaintes, qui vont s’inviter chez nous pendant un très long moment. Avec son cortège de sensations physiques négatives et de réactions toutes plus inutiles et contreproductives les unes que les autres.
- Reprendre la maîtrise du processus et sortir « par le haut » de cette situation.
Nous ne pourrons vraisemblablement rien contre ce train en retard ou annulé. Par contre nous pouvons tout faire à partir de là pour recouvrer notre équilibre intérieur, nous sentir à nouveau bien et devenir constructif, imaginatif dans les solutions à mettre en œuvre pour gérer la situation.
Ce qui est franchement contreproductif dans nos vies ce ne sont pas nos émotions négatives, les évènements fâcheux qui croisent notre route mais surtout le temps que nous allons mettre pour en sortir et aussi la façon dont nous allons gérer cette sortie.
La première étape est un outil simple à mettre en place l’emostat, comme un thermostat.
Où en suis-je ? Qu’est-ce que je ressens, comment nommer les émotions qui me traversent, comment définir mes sensations physiques ?

Plus tôt, au cours de la journée ou d’un évènement particulier, nous sommes en mesure d’identifier ce que nous ressentons ; plus rapidement nous pouvons reprendre le contrôle.
Quand tout va bien c’est assez facile de s’en rendre compte ; on se sent bien.
Quand les choses commencent à déraper c’est également assez facile à identifier on se sent moins bien, selon des degrés, qui vont du léger malaise au mal être.
C’est le moment d’intervenir afin de réguler nos émotions, donc nos sensations et retrouver un équilibre utile à la mise en place de solutions utiles.
2.
Le discours interne Comment le mettre en œuvre ?
Nous l’avons vu la première pierre de l’édifice est la conscience de soi, de ses émotions, pensées, sensations.
Cette étape est un premier travail pour les personnes qui sont habituées « à ne pas s’écouter » ; Elles ont beaucoup de mal à mettre des mots sur les maux.
Dès la perception d’un dérapage vers le négatif ; nous pouvons reprendre pied grâce à un discours interne qui aura plusieurs impacts :
- Détourne l’attention qui était uniquement absorbée par le côté négatif de l’évènement en cours par exemple
- Diminue l’intensité des sensations physiques désagréables d’émotions négatives ; grâce à la seule perception de ce qui se passe ici et maintenant. Phénomène de prise de recul.
- Rééquilibre l’équilibre émotionnel et psychique, le sujet reprend pied.
- Focalise l’attention et donc la conscience sur la nécessité d’un retour à l’équilibre physique et psychique.
- Projette le sujet dans une action à entreprendre et donne moins l’opportunité de se complaire dans un rôle de « victime ».
- De manière concrète ouvre des opportunités d’actions et évite le « sur accident » par une attitude ou action pilotée par la frustration légitime mal exprimée.
Par exemple dans le cas de notre train annulé ou très en retard.
Le sujet éprouve de fortes sensations sous le coup de l’annonce et prend conscience des déséquilibres qui se mettent en place et des émotions négatives à forte intensité qui le traversent.
Il décide de reprendre le contrôle il pourra se dire :
« ok c’est très embêtant mais ça n’est pas de ma responsabilité,
Je respire pour reprendre le contrôle et je ne veux pas que cela entrave mon bien être,
Je vais voir quelles solutions je peux mettre en place pour transformer cette situation désagréable en opportunité… »
Chacun trouvera ses mots ; mais ce qui est important c’est de tout de suite décider de restaurer son bien-être et équilibres psychique et physique ».
On peut y ajouter des paroles d’encouragements si cet évènement perturbe des projets importants. (J’avais un rendez-vous important pour un nouvel emploi, pour signer un important contrat…)
« …tu es capable de te sortir de ce mauvais pas ; tu as déjà démontré dans le passé tes capacités à rebondir, allez tu vas bien communiquer et transformer ça en avantage pour toi… »
« Vas y concentre toi sur ce que tu dois faire, qui tu dois prévenir et comment, tu vas y arriver, tout le monde comprendra, tu vas faire la démonstration que malgré les impondérables tu sais communiquer, garder ton sang-froid, rester maître de toi… »
On voit bien que le dialogue interne va donner de l’intensité et une direction à l’action ; plutôt que se perdre dans le négatif de la situation. Cette communication personnelle de soi à soi va aider à construire son bien-être et une action positive afin de sortir vers le haut de la situation.
Il arrive également que en travaillant notre prise de conscience de nous-même nous nous rendions compte que sans aucun motif nous ressentons de l’anxiété par exemple.
Un sentiment vague et diffus que quelque chose de mal va nous arriver ;
Là aussi le dialogue intérieur prend son sens dans son rôle de rééquilibrage ;
« …il n’y a rien d’objectif qui me menace, il n’y a aucune raison que je me sente mal, j’ai bien dormi, tout va bien dans ma vie, je décide d’aller bien, de me sentir bien, je le mérite, tout va bien… »
L’anxiété est la perception, par le sujet, d’une menace diffuse permanente, non rationnelle en fait. Donc la volonté de respirer, reprendre le contrôle, s’expliquer à soi-même que tout va bien et qu’il n’y a aucune menace objective ici et maintenant ; aidera le sujet à reprendre confiance en lui, se sentir mieux, développer une approche plus centrée sur le moment présent, et surtout la réalité objective de ce qu’il vit.
Le discours interne n’est pas seulement utile dans les cas où nous sommes « victimes » d’évènements désagréables ; nous pouvons l’utiliser avant une action à enjeux afin de pouvoir utiliser à plein son potentiel.
3.
Le discours interne et atteinte de son plein potentiel
Une autre utilité du discours interne et l’expression de son plein potentiel avant ou pendant l’action.
- Avant l’action
Il s’agira de s’encourager, de renforcer sa confiance en soi et en ses capacités à mener à bien la mission ou le travail à accomplir.
« Tu t’es bien préparé, tu es prêt, tu connais ton sujet, tu connais ton affaire, ce que tu as à dire ne peut qu’intéresser ton public… »
Face à un adversaire, en sport par exemple, réputé plus fort que soi « personne n’est imbattable, tu as les capacités de bien faire, concentre-toi sur ton jeu, sur ce que tu sais faire et ne te laisse pas impressionner… »
L’objectif est de mobiliser ses capacités ; nous savons tous que le stress, la peur (de mal faire par exemple) dégradent la performance ; alors autant mettre toutes les chances de son côté.
- Pendant l’action
C’est difficile de rester concentré et de tenir la barre à son meilleur niveau pendant toute la durée d’une prestation qu’elle qu’elle soit dans le domaine sportif ou professionnel.
Parfois un évènement fortuit peut casser un bon rythme que nous avions adopté. Dans le domaine sportif c’est assez facile à imaginer un point perdu, un geste raté et la confiance peut s’éroder et le sportif entrer dans une spirale négative.
« je ne vais pas y arriver »
Là aussi l’entraînement au dialogue interne permettra immédiatement de comprendre ce qui se passe et reprendre l’initiative :
« Ok j’ai perdu ce point mais il y aura beaucoup d’autres opportunités d’en marquer d’autres ; ça n’est pas grave reconcentre toi sur ton jeu et donne le meilleur de ce que tu sais faire ; respire, reprends le contrôle ça va aller tu sais faire, concentre-toi sur ton geste… »
Lors d’une réunion professionnelle, beaucoup de participants alors que je parle sont sur leur portable, d’autres bavardes…
« ce que je leur dit ne les intéresse pas… »
Là aussi le dialogue interne va permettre de prendre l’initiative, de ne pas douter et de trouver le moyen de changer la donne.
« le sujet que je traite est important, j’ai bien travaillé mon sujet, je le connais et c’est important pour eux ; je vais trouver le moyen de les réintégrer dans l’action… »
A ce moment-là vous pouvez poser une question à l’assistance afin de rétablir le contact, les remettre en action, bref prendre une initiative qui va relancer votre prestation.
Conclusion
Le dialogue intérieur, comme le montre le tableau ci-dessous, peut nous être utile dans bien des domaines.

Le dialogue interne n’évite pas les problèmes, c’est entendu. Par contre c’est un outil que j’ai fait mien et que je pratique systématiquement au cours de la journée et à bien des occasions.
Je serais, honnêtement, incapable de dire aujourd’hui si mes performances sont meilleures ou pas Grace à lui…
Ce dont je peux témoigner est que mon bien être et mon équilibre tant émotionnel, que psychique ou autre se sont grandement améliorés ; car les périodes de troubles ou doutes sont réduits au strict minimum dans la journée au profit de pensées, émotions, sensations tournées vers le bien être.
Je pense plus solutions que problèmes ; et franchement rien que pour toutes ces raisons je pense que vous devriez essayer au moins et vous faire une idée ?
😉